samedi 29 décembre 2012

Numérique à l'université : ce que prépare Fioraso


Numérique à l'université : ce que prépare Fioraso



Les Echos, par Marie-Christine Corbier | 28/12 | 07:00



Un vice-président en charge du numérique dans chaque grande université.

Des cours en ligne plutôt que des cours dispensés dans des amphis bondés.


Les universités françaises vont-elles emboîter le pas à leurs homologues américaines ou britanniques en se lançant dans la diffusion massive de cours en ligne ? Le rapporteur du comité de pilotage des Assises de l'enseignement supérieur et de la recherche, Vincent Berger, réclamait fin novembre une « initiative nationale de l'enseignement en ligne » pour offrir des contenus pédagogiques multimédias en ligne. L'offre de contenus pourrait s'appuyer « sur les universités pour la délivrance de diplômes ou de certificats, à l'instar des "MOOCs" (Massive Open Online Courses) qui se développent rapidement dans certains pays », affirmait-il dans son rapport.


« La loi sur l'enseignement supérieur et la recherche ira au-delà de cette proposition », a confié hier aux « Échos » la ministre de l'Enseignement supérieur, Geneviève Fioraso. Chaque grande université disposera, dans son conseil d'administration, d'un vice-président en charge du numérique et d'un centre de ressources numériques. « Il faut rattraper notre retard », justifie la ministre en indiquant que 25 % des étudiants en MBA dans le monde acquièrent leur diplôme sans jamais mettre les pieds à l'université. « Tous les cours magistraux qui sont dispensés dans des amphithéâtres bondés, dans de mauvaises conditions, tels les cours de médecine de première année, peuvent être remplacés par des cours en ligne », assure-t-elle. En suggérant par exemple que les étudiants suivent les cours magistraux chez eux, le cours devenant alors un lieu de discussion et d'échange.


« Les cours en ligne doivent être compensés par un meilleur suivi personnalisé des étudiants afin d'éviter par exemple que certains étudiants en médecine ne se dirigent vers des prépas privées pour trouver l'encadrement dont ils ont besoin, ce qui accentue la discrimination sociale », poursuit Geneviève Fioraso. 

Le Royaume-Uni et son « open university » lancée en 1969, avec 450 modules pédagogiques et un système d'e-tuteur qui accompagne les étudiants, fait partie selon elle « des bonnes pratiques à regarder ». Seule université à distance du pays, c'est aussi la plus grande, avec plus de 250.000 étudiants en 2011.


Pas de budget spécifique


« L'enjeu est considérable, juge sur son blog l'ancien président de l'université Paris-XIII, Jean-François Méla. Les cours en ligne qui ont explosé l'an dernier aux États-Unis pourraient donner le signal d'une révolution de l'enseignement supérieur dans son ensemble. »


Reste toutefois à voir quelle sera l'envergure du plan France université numérique, dont les détails seront connus en février. Pour l'heure, aucun budget spécifique n'est prévu. « On verra s'il faut des moyens supplémentaires », indique Geneviève Fioraso, qui considère que le numérique « n'est pas excessivement coûteux ». « Il y aura peut-être des redéploiements à faire, précise-t-elle, mais il faut d'abord mettre à contribution les bonnes personnes au bon endroit, car les compétences existent dans les universités. » On sera en tout cas bien loin des 60 millions de dollars que le MIT et Harvard ont mis sur la table en mai pour créer la désormais célèbre plate-forme gratuite de cours à distance, edX.


Marie-Christine Corbier, Les Echos



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